COMMUNIQUÉ DE PRESSE : vendredi 18 avril 2025
CONTACT : Dr Deborah S. Rogers, Présidente de l’Initiative for Equality
EMAIL : deborah.rogers@initiativeforequality.org
Une coalition de la société civile congolaise appelle la communauté internationale à cesser de financer l’invasion et l’occupation de l’est de la RDC par le Rwanda et ses mandataires
Une coalition de dirigeants de la société civile congolaise appelle la communauté internationale à cesser tout soutien matériel et politique à l’invasion et à l’occupation de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) par le Rwanda. Dans une lettre ouverte signée et diffusée par 79 dirigeants d’associations et avocats d’intérêt public congolais, ils affirment que le Rwanda soutient le M23 et d’autres milices armées afin de piller les minerais de la RDC qui sont ensuite vendus comme produits rwandais. Ce soutien est rendu possible, affirment-ils, par le soutien financier et diplomatique de l’Union européenne et de divers pays occidentaux, entreprises et donateurs multilatéraux comme la Banque mondiale.
La coalition, appelée Mobilisation pour la Sauvegarde de la Souveraineté et de l’Autonomie Congolaise (MOSSAC), est composée de nombreuses personnes qui vivent actuellement sous l’occupation M23 – rwandaise dans les capitales provinciales de Goma et Bukavu. Leur prise de parole représente un risque personnel important, car les forces d’occupation ciblent souvent les militants, les figures de l’opposition et les journalistes par des arrestations extrajudiciaires, des emprisonnements ou des assassinats.
« Notre situation est insupportable », a déclaré Aline (nom d’emprunt), avocate, défenseure des droits des femmes et mère de quatre jeunes enfants. « Les enfants ne peuvent ni aller à l’école ni jouer dehors. Les banques sont fermées et nous ne sommes pas payées ; nous sommes à court d’argent. Nous n’arrivons pas à dormir la nuit à cause des coups de feu dans notre quartier. » Elle est particulièrement choquée par les fréquents viols collectifs signalés. « C’est traumatisant pour nous tous », a-t-elle ajouté.
Après s’être réunis pour évaluer la situation critique, les membres de la coalition MOSSAC ont décidé de publier une Lettre ouverte afin d’informer la communauté internationale de leur situation critique, des causes de la guerre et des mesures à prendre pour bloquer et inverser l’invasion. La Lettre ouverte qualifie la situation dans les régions occupées d’« intenable », affirmant : « L’armée rwandaise et ses supplétifs du M23 ont tué des milliers de personnes lors de la seule prise de la ville de Goma… Ces massacres, documentés dans d’innombrables articles de presse, se poursuivent encore aujourd’hui : assassinats à bout portant, exécutions sommaires d’enfants, disparitions, visites domiciliaires nocturnes, violences sexuelles massives, exécutions de plus de 100 femmes incarcérées brûlées vives, assassinats ciblés de militants et de journalistes, et violations des droits humains sous toutes leurs formes. »
Au cours de la semaine dernière, le gouvernement congolais a dénoncé des violations continues, notamment des assassinats, des actes de torture, des viols et des pillages, dont 52 morts à Goma, de nombreux cas de meurtres et d’exécutions sommaires, 72 viols et des centaines de personnes disparues.
Laurent (nom d’emprunt) est à la tête d’une grande famille multigénérationnelle et défend les droits et le développement de sa communauté autochtone. « Nous sommes coincés chez nous. C’est très stressant », dit-il. « Chaque matin, on retrouve des cadavres dans les rues. Nous ne trouvons pas le médicament dont nous avons besoin pour l’un de nos enfants, gravement malade. Nous ne pouvons pas travailler. Les magasins sont vides et nous manquons de nourriture et d’eau. » Il a déclaré refuser d’assister aux journées de « travaux communautaires » et aux événements politiques imposés par les rebelles du M23 et leurs alliés politiques, l’Alliance du fleuve Congo (AFC). « Ils prétendent nous libérer », dit-il, « mais en réalité, ils nous étranglent. »
La lettre ouverte du MOSSAC appelle les acteurs internationaux à prendre cinq mesures urgentes, chacun d’entre eux étant expliqué plus en détail dans la Lettre :
- Réfuter les récits faux et incohérents utilisés par le Rwanda pour nier et justifier son invasion de la RDC ;
- Cesser toute aide et tout autre financement au Rwanda, qui lui permettent de poursuivre son invasion et son occupation de la RDC, ainsi que l’extraction illicite de ses minerais ;
- Empêcher l’achat par le Rwanda de minerais du sang volés à la RDC ;
- Empêcher l’importation d’armes par le Rwanda ;
- Faire respecter la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui appelle les rebelles du M23 et les forces rwandaises à cesser immédiatement leur offensive et à se retirer du pays.
« Il est inexcusable que la communauté internationale continue de soutenir l’invasion de la RDC par le Rwanda, qui a entraîné le déplacement de millions de personnes, dont un demi-million à Goma et dans ses environs », déclare Aaron (pseudonyme). Il est le directeur d’une organisation qui nourrissait les enfants des camps de déplacés. Ces camps ont récemment été évacués de force puis détruits par le M23, privant désormais les personnes déplacées d’accès à l’aide.
« Ce retour forcé dans des zones moins sécurisées tiennent elles compte des Principes directeurs relatifs aux déplacements des personnes a l’intérieur de leur propre pays ? Que sont devenus ces enfants et leurs parents ? », a-t-il demandé. « Les besoins des enfants sont simples : ils ont besoin de nourriture, d’un abri, de jeux, d’éducation et d’amour », a-t-il ajouté.
« Nous exigeons que les agences internationales et les pays donateurs cessent immédiatement de soutenir le Rwanda », déclare Jacqueline (nom d’emprunt). Avocate et défenseure des droits humains, Jacqueline connaît parfaitement le système de gouvernance et les tribunaux militaires du Congo. « Nous ne demandons pas à quelqu’un de venir combattre à notre place. Si l’Occident cessait de soutenir l’agression militaire du Rwanda, nous pourrions stopper le M23 et le Rwanda à mains nues ! », s’exclame-t-elle.
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Voir ci-joint :
- La Lettre Ouverte_18 avr 2025_FR des membres du MOSSAC
- Signatories – Signataires de la lettre de la lettre ouverte (descriptions anonymisées de l’organisation)
- Annexe 1. UNSC Resolution 2773 – FR – 21 Feb 2025 Résolution 2773 (2025) Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 9865e séance, le 21 février 2025